Docteur en philosophie et lettres de l’Université catholique de Louvain (Belgique) depuis 1970, monsieur Mudimbe amorce sa carrière de professeur à l’Université nationale du Zaïre à Lubumbashi, où il est nommé doyen de la Faculté de philosophie et de lettres de 1972 à 1974. Au début des années 1980, alors qu’il doit s’exiler pour des raisons politiques, de prestigieuses universités américaines lui ouvrent leurs portes comme le Collège d’Haverford (Pennsylvanie), l’Université de Stanford, puis l’Université Duke, où il est toujours professeur.
« L’invention de l’Afrique » aux éditions Présence Africaine.
Étrange destin que celui de la trajectoire du livre The Invention of Africa (1988), ici traduit par Laurent Vannini en français. Son auteur Valentin Y. Mudimbe, est reconnu comme l’un des plus fins analystes des sciences sociales, des humanités classiques et modernes et de la philologie ; Mudimbe est aussi un romancier hors pair. Il a pourtant fallu une génération pour traduire son livre dans la langue et les traditions intellectuelles francophones qui l’ont nourri. Mudimbe explore ici, trois territoires épistémologiques, la philologie grecque et latine, les bibliothèques religieuses et l’ethnographie coloniale, pour s’en prendre avec une certaine allégresse aux littératures en quête d’une Afrique « vernaculaire », d’une modernité néo-pharaonique inaugurée par une Égypte ancienne triomphante, remise sur ses pieds africains, qui fit la leçon aux Grecs, pour établir une production intellectuelle décrochée du monde occidental.
Le livre continue de faire l’objet de commentaires et de critiques. Il est probablement l’un des ouvrages les plus cités de la littérature africaniste. Sa lecture est obligatoire dans plusieurs disciplines enseignées dans les universités américaines.